le scan de gorgui

Article : le scan de gorgui
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14 mai 2016

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Le scan de Gorgui
Gorgui est un citoyen Lambda. C’est le petit marchand qu’on rencontre dans les maquis d’Adiamé, le chauffeur de car rapide de Dakar. Il n’a pas fait HEC ou Sciences Po. Et l’ENA, ce n’est pas son truc. Ne le cherchez pas quelque part Gorgui, parce qu’il est partout. C’est le petit débrouillard qui vous répare votre portable ou votre ordi. Il peut même vous faire une pièce dans son garage en pleine rue pour votre véhicule.
C’est un gars sympa qui cherche sa dépense du jour, comme un oiseau sa becquée pour ses petits. Son portable s’enivre dès qu’il y met plus de cinq cents francs de crédit, et sa maison est inondée quand il se met à pleuviner !
Gorgui est très attentif à ce qui l’entoure. Il s’informe avec ses radios préférées, pose des questions aux intellectuels, malgré cela il y a des choses qu’il ne comprend pas (dans son pays comme en dehors de celui-ci). Parfois, c’est limpide comme la voix de sa femme dans le creux de son oreiller.
Ecouteurs bien vissés aux oreilles dans les autobus ou poste radio posé à côté de sa chaise pliante, il est toujours « connecté » au monde : L’électricité sera coupé dans le…, l’échéance de votre facture d’eau…, le montant de votre crédit ne vous permet pas…, vous ne pouvez pas joindre votre correspondant… Ca, Gorgui le comprend très bien.
Mais il y a beaucoup de choses que Gorgui ne comprend pas, surtout à propos de ce qu’il se passe autour de lui.

Les intellectuels, ces gars bardés de diplômes qui savent tout lui disent souvent que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : le ciel est bleu comme la mer, les oiseaux gazouillent dans les feuillages des arbres. Entendu, mais ça, il le sait.
Il sait aussi que sept est supérieur à cinq. Et le président avait dit cinq. Un deux trois quatre cinq ! Il avait promis qu’il le ferait et après il vient nous dire autre chose…  Il a dit « oui » quand le peuple voulait qu’il dise « non » pour le troisième mandat !
Gorgui pige que dalle aux APE, il avait voté pour le PSE !
Et puis, il y a maintenant une Dame, fut-elle la première, qui nomme aux emplois ! Alors qu’il avait voté pour un homme avec des moustaches ! C’est de la magie, de la substitution ou de la chirurgie esthétique ?

Ces temps-ci, les intellectuels solennels aux mines patibulaires écument les télés et les radios. Ils devisent, débattent et vocifèrent. Le pays serait devenu indépendant et souverain ! Gorgui pensait que bientôt le pays aurait sa monnaie nationale qu’il pourrait brandir fièrement, et l’administration apprendrait bientôt à parler les langues locales !
Mais l’enthousiasme de Gorgui s’effondra quand il entendit l’ambassadeur d’un pays étranger donner à haute et intelligible voix, le probable verdict d’un procès en cours !
Et maintenant, par-dessus tout l’étranger veut même « construire » des bases militaires. Gorgui sourit, cela lui rappelle une histoire : un homme que sa femme bat et qui dort au salon, il se dit encore qu’il est le CHEF de la maison.

Son grand-père lui avait enseigné un proverbe : si vous regardez avec les yeux d’autrui, vous ne pouvez pas voir sa plaie qui pue.
Lat Dior, le dernier roi du Cayor, savait bien qu’une personne ne construit pas une maison pour l’abandonner. C’est pourquoi il avait rétorqué à ceux qui voulaient construire un chemin de fer qui devait traverser son royaume : « l’étranger ne construit pas » !
Quand l’hyène ne s’attaque pas à un gaillard, c’est que sa démarche est altière et virile.
Mais il y a des questions qui lui titillent la tête : pourquoi le mandat de Dilma Rousseff a été écourté et celui de Kabila-fils, allongé ? Les diplômés, avec leur érudition de savants, lui donneront peut-être la réponse.

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Commentaires

issbill
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Sacré Gorgui.